La pétition dite Initiative citoyenne européenne «Pas de profit sur la pandémie» que notre revue soutient depuis le début et dont nous rappelons les éléments plus loin, rassemble de plus en plus d’organisations tant au niveau national qu’international. Les organisations signataires de cette pétition publient une tribune pour demander plus de transparence dans la gestion de la crise en particulier des vaccins. Nous vous présentons ce texte.
Ces derniers jours la France a commencé à vacciner contre la COVID-19. Porteur d’un immense espoir pour sortir d’une crise sanitaire qui semble s’éterniser, les interrogations et les inquiétudes demeurent néanmoins fortes au sein d’une grande partie de la population. La rapidité inédite de conception comme de déploiement de ces vaccins et l’opacité autour des contrats passés avec les entreprises pharmaceutiques alimentent doutes et méfiance. Les lenteurs actuelles de la campagne de vaccination inquiètent. Plus que jamais, pour gagner la bataille contre le virus il est urgent de restaurer la confiance.
Présenté comme la solution clé pour mettre fin à la pandémie, le vaccin est devenu l’objet de surenchères et de spéculations. Le modèle économique de l’industrie pharmaceutique, largement financiarisé, mène en effet à ce que la course aux profits prenne le pas sur la santé. Ainsi, en conformité avec les règles de ce marché, dès mai le PDG de Sanofi jouait la concurrence entre Américain.e.s et Européen.ne.s pour tenter de vendre au plus offrant un vaccin qui n’existait pas encore.
Et ça a marché ! Sanofi a obtenu des États-Unis 2,1 milliards de dollars et 200 millions d’euros du gouvernement français (tout en versant près de 4 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires et menaçant de licencier en France et en Europe) pour financer la recherche, le développement et la production du précieux sésame. En tout, ce ne sont pas moins de 10 milliards de dollars d’argent public qui ont été déversés sur les grands laboratoires pharmaceutiques depuis le printemps.
Face à cette montagne de financements publics mobilisés pendant la pire récession économique que le monde ait vécue en un siècle, on est en droit de s’attendre à la plus grande des transparences et que cet effort soit utilisé pour le bien commun et non pas pour les intérêts privés de quelques-uns. D’ailleurs, 76% des Français et des Françaises entendent que le vaccin soit largement partagé sans devenir le privilège de quelques-uns.
Pourtant c’est bien une course folle aux vaccins que l’on constate depuis des mois. Les pays les plus riches ont tellement accaparé de doses que certains sont en mesure de vacciner deux, trois, voire quatre fois leur population. L’ennui c’est qu’à ce rythme les 2/3 de l’humanité n’y auront pas accès avant 2022, prolongeant d’autant la crise sanitaire, économique et sociale qui nous bouleverse.
Et alors qu’une partie de la population exprime de la méfiance par rapport aux vaccins, les contrats avec les entreprises pharmaceutiques sont négociés dans le plus grand des secrets. Ce même manque de transparence s’observe sur les procédures de contrôle et de mise sur le marché des vaccins. Cette opacité est dangereuse. Elle instille le doute quand il faudrait au contraire donner confiance en mettant les citoyen.ne.s au cœur d’un sujet qui concerne leur santé et celle de leurs proches.
Ce manque de transparence semble surtout faire le jeu des laboratoires pharmaceutiques, grands gagnants de la pandémie. Alors que les gouvernements imposent depuis des mois de féroces restrictions à nos libertés pour combattre le virus, ils se montrent bien faibles et incapables d’imposer aux Big Pharma de nouvelles règles du jeu qui fassent prévaloir la coopération sur la compétition. Ces derniers, après avoir engrangé des financements publics colossaux, demeurent libres de fixer leurs prix comme bon leur semble (certains prévoyant de grasses marges bénéficiaires) et de maintenir leurs monopoles au risque de limiter les capacités de production.
La «gratuité du vaccin» telle qu’annoncée par le président de la République ne doit pas signifier grever encore plus le budget de la sécurité sociale en faisant payer de façon détournée des sommes exorbitantes aux contribuables. Faire des vaccins et traitements contre les pandémies des biens publics mondiaux doit passer par le partage des droits de propriété intellectuelle et des savoirs. C’est aussi encourager le développement de capacités publiques de production et de distribution pour que notre santé ne dépende pas des choix financiers de quelques grandes entreprises.
C’est parce que nous refusons que certains tirent des profits sur la pandémie qu’une pétition européenne a été lancée pour exiger des vaccins et des traitements sûrs, transparents, accessibles à tou.te.s ! En mobilisant un million de signatures à travers le continent, nous pourrons faire entendre et exiger une réponse solidaire à la crise.
Membres de la Coalition française de l’initiative citoyenne européenne sur les vaccins et traitements anti-COVID19:
- CGT confédération,
- Convergence des services publics,
- Coordination Nationale des Comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité,
- Europe Ecologie-Les Verts (EELV),
- Fédération CGT de la Santé et de l’Action Sociale,
- Fédération Nationale de l’Industrie Chimique CGT,
- Fédération SUD Santé Sociaux,
- Fondation Gabriel Péri,
- FSU,
- La France insoumise,
- Ligue des droits de l’homme (LDH),
- Mouvement pour la paix,
- Oxfam France,
- Parti communiste français (PCF),
- People Health Movement France.