NDLR : Nous donnons ici les vœux que nous a adressés le Dr Brixi, membre du comité de rédaction. Toute la rédaction fait sien de ce courrier et l’adresse à son tour aux lecteurs des Cahiers de santé publique et de protection sociale.
Voilà plus d’une année que nous vivons les effets d’une pandémie qui a secoué le monde entier, et pas seulement nos petits espaces. De manière plus inégale que jamais.
En ce début de l’an 2, le bout du tunnel n’est pas encore en vue. Les souhaits pour une année plus vivable, fusent de partout, tournent en boucle, plus que d’ordinaire. Certains n’aspirent qu’au retour de l’avant, pendant que d’autres espèrent et aspirent à un monde plus solidaire.
Dans ce vécu, entre épreuves et appréhensions de toutes natures, résistances et initiatives multiples, aspirations aussi diverses que nos visions du monde à venir, une chanson «pas très douce» nous est serinée à longueur d’antennes : il faut apprendre à vivre avec ! En effet, vivre avec un virus, aussi invisible qu’imprévisible, exige de nous bien des sacrifices et des artifices. Garder distance, porter masquer, se laver sans cesse, sont le menu de nos vies, repliées pour les uns, exposées pour le plus grand nombre.
En somme, obtempérer et se résigner, nous propose-t-on. Ou faire appel à notre sens des responsabilités alors qu’ils agissent sans nous associer ni nous écouter. Bien sûr, que nous devons apprendre à composer avec les contraintes, nouvelles pour certains, habituelles pour plein d’autres risques, pour le plus grand nombre de nos semblables.
Oui, nous nous devons d’avoir des comportements prudents pour nous-mêmes, si on est obsédés par soi; pour les autres, si on est tourné vers les siens. Pour tous les autres, si on arrive à s’élever par-delà nos murs. Prendre soin de soi et des autres, ou prendre soin des autres, c’est prendre soin de soi?
Et si on ne se résignait pas. Si on ne veut pas céder à la peur. Si on ne veut pas se laisser submerger par le flot des chiffres, des propos, des discours et des images, aussi effrayants qu’anesthésiants. Et si on revendiquait le droit d’être correctement informés, plus écoutés, et surtout associés, car nous avons le droit d’avoir aussi nos sensibilités, nos grilles de lecture et nos propres convictions, visions et choix. Et même que nous revendiquons le droit d’hésiter et de penser par nous-mêmes.
Donc, ce n’est pas vivre avec votre monde mais avec celui auquel nous avons droit, nos enfants et petits-enfants, encore plus. Et surtout pas seulement eux mais tous nos enfants et petits-enfants de par ce vaste petit monde qui est le nôtre. Qui a dit qu’il importe non de vivre pour vivre mais vivre parce qu’on a des raisons de vivre?