Dès 2002 le Pr Ivan Lavallée avec Jean-Pierre Nigoul avait écrit un ouvrage intitulé Cyber-révolution au sujet de la révolution scientifique et technique générée par le développement de l’informatique et de la cybernétique.. Il présente aujourd’hui une actualisation et un approfondissement de cette réflexion dans ce nouveau livre très intéressant. Après les révolutions industrielles des 19ème et 20ème siècles qui ont libéré l’homme des charges matérielles liées à l’énergie ( moteurs thermiques puis électriques), c’est une aide puissante au niveau des tâches cognitives qui se met en place. Cette nouvelle révolution numérique va transformer la façon de penser, la création, les connaissances et la communication. En impactant l’ensemble des activités humaines , ceci va nécessairement entraîner une révolution sociale. Ceci nous rapproche de la thèse novatrice de Marx concernant la conception matérialiste de l’histoire qui affirme que l’histoire est le fait d’enchaînements objectifs, en particulier économiques. C’est probablement dans sa lettre à Annenkov du 28 décembre 1846, écrite en français depuis Berlin, lettre où il critique vertement le livre de Proudhon « Philosophie de la misère », qu’il définit le plus simplement sa conception : « Qu’est-ce que la société, quelle que soit sa forme ? Le produit de l’action réciproque des hommes. Les hommes sont-ils libres de choisir telle ou telle forme sociale ? Pas du tout. Posez un certain état de développement des facultés productives des hommes et vous aurez telle forme de commerce et de consommation. Posez certains degrés de développement de la production, du commerce, de la consommation, et vous aurez telle forme de constitution sociale, telle organisation de la famille, des ordres ou des classes, en un mot telle société civile. Posez telle société civile et vous aurez tel état politique, qui n’est que l’expression officielle de la société civile ». Ivan Lavallée reprend l’histoire de l’évolution de ces techniques et aborde la question de la rupture épistémologique en cours. Il montre les impacts de la cyber-révolution sur le travail et de fait sur l’évolution des classes sociales. La question qui se pose est celle de l’avenir : qui va maîtriser tout cela ? va-t-on vers un avenir qui chante (émancipation humaine) ou vers un chaos (cyber-domination) ? C’est directement la question du communisme qui est posée car la cyber-révolution en donne les moyens.