La Sécurité sociale, en France, joue un rôle central depuis sa création à la Libération. Elle assure une prise de richesses au profit de la population sur le lieu-même où la création de cette richesse se fait, à savoir l’entreprise. C’est une prise sociale sur les bénéfices et de fait c’est une prise sur ce que pourraient être des profits pour le capital. On comprend alors qu’elle est un enjeu majeur de lutte sociale : le capital n’a jamais renoncé à récupérer cette prise de guerre sociale. C’est lui qui conduit la lutte de classe comme l’indiquait Warren Buffet: Tout va très bien pour les riches dans ce pays, nous n’avons jamais été aussi prospères. C’est une guerre de classes, et c’est ma classe qui est en train de gagner[1]
La crise sanitaire que nous vivons masque la crise économique et sociale qui se préparait et que tous les économistes annonçaient juste avant. On l’oublie trop souvent. Mais ceux qui dirigent les pays occidentaux ne l’oublient pas et les décisions qu’ils prennent se situent dans la parfaite continuité des politiques néolibérales qu’ils conduisaient avant. Ils continuent de saper patiemment la planche de la Sécurité sociale. La méthode ? Recreuser le trou que les efforts des salariés avaient fini par boucher. L’outil ? Les exonérations de cotisations sociales des entreprises qui en sapent les recettes. Les articles qui suivent en font la démonstration. Quant au chômage de masse organisé par les grandes entreprises qui reçoivent l’essentiel des aides d’Etat, la crise sanitaire leur offre une opportunité exceptionnelle. On voit les chiffres.
Il est normal que l’assurance maladie rembourse les dépenses de santé liées à la Covid 19, c’est son rôle et la dépense a été relativement limitée dans la mesure où d’autres dépenses de santé ont été bloquées par les mesures de confinement. Elle a joué normalement son rôle d’amortisseur de crise. Mais ce sont bien les exonérations de cotisations patronales qui jouent un rôle délétère. Elles devraient être prises en charge par l’État comme la loi l’indique. Ce ne sera pas le cas et la Sécurité sociale sera alors endettée pour longtemps à nouveau. Et l’occasion sera à nouveau belle pour imposer des reculs sociaux de tous ordres. Les déclarations du ministre de la santé par exemple sur la réforme des retraites qui vise à réduire le montant de toutes les pensions en imposant une nouvelle grille de calcul (système à point) le montrent.
En plein boom de la pauvreté, les ultra-riches ont empoché 479 milliards d’euros, en 2020 selon une étude d’Oxfam: 114,3 milliards de dollars pour Elon Musk, 69,3 pour Jeff Bezos… Dans un rapport, l’ONG révèle que la pandémie a largement profité aux grosses fortunes mondiales alors que des centaines de millions de personnes vivent avec moins de 4,90 euros par jour. Plusieurs études, cet automne, l’avaient déjà souligné, Oxfam enfonce le clou : la crise sanitaire du Covid-19 a bel et bien profité aux multimilliardaires. « Les dix hommes les plus riches du monde – dont fait partie le Français Bernard Arnault – ont vu leur fortune totale augmenter de 540 milliards de dollars (479 milliards d’euros) depuis le début de la pandémie », pointe l’organisation internationale, qui lutte pour la réduction des inégalités. Les inégalités de fortune au niveau mondial continuent de se creuser comme jamais. Ainsi on a vu le groupe français LVMH de B. Pinault acheter pour la modeste somme de 15,8 milliards de dollars le géant américain de la joaillerie Tiffany & Co. Cette somme aurait été suffisante pour payer le vaccin anti-covid pour le monde entier ! Et les gouvernement laissent faire… C’est une honte. La joaillerie de luxe, bien inutile de quelques-uns, passe avant les vaccins, biens communs de l’humanité.
Attention, la crise sanitaire ne doit pas être le prétexte pour que le monde d’avant refasse surface.