Résumé : L’auteur décrit ici l’aggravation sanitaire et humanitaire des populations de la Bande de Gaza du fait de la guerre en cours. Il donne les éléments de la catastrophe. Ce texte a été écrit fin février 2024
Abstract : The author describes here the health and humanitarian deterioration of the populations of the Gaza Strip due to the ongoing war. He gives the elements of the catastrophe. This text was written at the end of February 2024
La situation de la population palestinienne de la bande de Gaza ne cesse de se dégrader, du fait de la permanence de l’état de guerre, et de ses conséquences dramatiques, en particulier :
- Près de 30000 morts, 70000 blessés, 2 millions de déplacés
- Plus de 60% du bâti du territoire a été soit détruit soit gravement endommagé. Ceci est susceptible d’être qualifié de crime de « domicide ». M. Balakrishnan Rajagopal, rapporteur spécial des Nations Unies sur ce sujet écrit : « Le domicide, qu’il ait ou non pour conséquence la destruction physique d’un logement, peut donc constituer un moyen de génocide lorsque cette destruction est entreprise pour aboutir à la destruction physique du groupe victime. Hélas, le monde n’a constaté que trop souvent comment domicide et génocide sont étroitement liés, comme lors des atrocités commises en Bosnie-Herzégovine, au Rwanda, et pendant la Shoah »[1].
- Multiples entraves et attaques contre les hôpitaux palestiniens ; OCHA[2] compte 12 hôpitaux en activité partielle sur le tout le territoire, ainsi que trois hôpitaux de campagne également en activité partielle ; au moins 340 travailleurs de la santé tués ;
- L’un de ces hôpitaux a été installé par l’armée jordanienne dans le Nord de la Bande de Gaza ; grâce à une coopération franco-jordanienne, des secours ont été parachutés au profit des 300000 personnes vivant encore dans cette zone[3]. Le Royaume Uni utilise également cette méthode.[4]
- Absence totale d’accès à l’électricité
- Aide alimentaire réduite du fait des entraves à l’introduction et à la distribution de cette aide, avec des risques de sous-alimentation graves
- Environ 17000 enfants « non accompagnés »
- Situation des femmes particulièrement difficile, particulièrement les femmes enceintes (absence de soins obstétriques, sous-alimentation, absence du père, etc.)
- Risques sérieux de diffusion de maladies liées à l’eau polluée (200 000 cas de diarrhées sévères rapportés), ou aux conditions climatiques pour les populations vivant sous tente (300 000 cas d’infections pulmonaires sévères)
- Soulignons également du côté français, l’action méritoire de MSF dans la bande de Gaza[5]
Tous ces éléments soulignent l’urgence de l’arrêt des hostilités, et de la mise en place de structures capables de gérer la crise et d’étudier les options de reconstruction de ce territoire dévasté. Ces défis vitaux font l’objet de négociations difficiles entre les parties au conflit, avec un nombre croissant de pays soutenant l’objectif de deux états, palestinien et israélien, vivant côte à côte. Néanmoins, l’opposition du gouvernement d’extrême droite d’Israël à ce projet reste très vive[6].
Soulignant la gravité de cette situation, de nombreux experts travaillant avec les Nations Unies ont appelé à l’arrêt immédiat de l’approvisionnement d’Israël en armements[7], tandis que Volker Turk, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme déplore l’impunité générale qui prévaut dans le conflit israélo-palestinien[8]. À souligner également l’influence désastreuse de l’extrême droite messianique, très influente dans le gouvernement israélien, sur les évènements en cours. A titre d’exemple, un chercheur israélien, spécialiste du nazisme, a notamment souligné que l’éducation des enfants des colons juifs d’Hébron, eux-mêmes très proches du ministre d’extrême droite Itamar Ben-Gvir, était proche de celle des jeunes nazis[9].