Voici le N° 41 de notre revue. Il paraît au moment où le cycle des élections nationales se termine. Nous pouvons commencer à analyser ce qui s’est passé du point de vue de nos sujets de préoccupation à savoir la santé et la protection sociale.
Les idées que nous développons ici et les propositions que nous faisons ont eu un certain écho. Pour bon nombre elles ont été reprises dans le programme de la Nupes qui a rassemblé les formations politiques de gauche. Même certaines organisations de droite ont pioché dans nos pages pendant les campagnes précédant les élections soit par nécessité soit par obligation. Je cite en vrac par exemple pour la Nupes: la fin de la souffrance au travail (concrètement le renforcement de la médecine du travail et la restauration des Comités d’hygiène et sécurité), la revalorisation des salaires à l’hôpital, la démocratisation de la Sécurité sociale, la garantie d’accès aux services publics, un plan massif de développement de l’emploi et de la formation, le retrait de la dette Covid des comptes de la Sécurité sociale et la prise en compte du problème des dettes hospitalières, la lutte contre la pauvreté, la reconstruction des hôpitaux, l’instauration du « 100 % Sécu » en intégrant les complémentaires santé dans la Sécurité sociale, la réouverture des services d’urgences, des maternités et des EHPAD publics en assurant un service de santé public de proximité, la sortie de l’hôpital du tout T2A (tarification à l’activité) et de la politique du chiffre, l’engagement d’un plan pluriannuel de recrutement et de pré-recrutement des professionnels du soin et du médico-social (médecins, infirmiers, aides-soignants et personnels administratifs), l’augmentation des capacités d’accueil des établissements, l’action pour combattre les déserts médicaux (création de centres de santé pluridisciplinaires publics, augmentation des moyens des facultés de médecine). Sont proposés le développement de la santé environnementale et de la santé mentale (renforcer les moyens des centres médico-psychologiques (CMP) et des structures dédiées au handicap psychique). Je note aussi la levée des brevets sur les médicaments et les équipements nécessaires à une réponse sanitaire urgente, le pôle public du médicament, l’investissement dans la recherche et les sciences, la création d’un service public de la petite enfance avec l’ouverture de 500 000 places en crèche, la protection des enfants, l’égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. Pour les personnes âgées : la construction d’un service public de la dépendance, l’aide pour rester à domicile, le développement d’un réseau public de maisons de retraite aux tarifs harmonisés et accessibles, la création de places en EHPAD publics, l’autonomie financière des personnes en situation de handicap, en revalorisant l’allocation aux adultes handicapés) au niveau du SMIC et en les rendant indépendantes des revenus du conjoint. Enfin : accueillir dignement les exilés, mettre en œuvre une politique migratoire humaniste et réaliste, bâtir des coopérations solidaires et altermondialistes. Toutes ces questions ont été traitées dans nos différents numéros. Nos thématiques sont donc bien dans la réalité.
Tout ceci est le fruit du travail de tous ceux qui ont contribué aux luttes et à l’élaboration de ces propositions de progrès. Notre part reste modeste mais puisque les idées circulent, cela nous rend plus responsables. Pourtant il faut bien voir que si nos idées ont diffusé, elles n’ont ni gagné les élections ni une majorité de consciences. Il reste beaucoup de travail à faire pour partager, convaincre. Nos Cahiers doivent produire des textes plus argumentés, plus fouillés. Nous avons une responsabilité collective de crédibilité pour continuer à avancer. C’est l’enseignement que notre rédaction tire de ces élections.
Nous devons continuer notre travail. C’est ce que nous dit Bernard Lavilliers :
‘‘Travailler encore, travailler encore,
Acier rouge et mains d’or.’’
Nous ne manquerons pas de courage.