© Gabriela Gutierrez (Unsplash)

In memoriam

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Disparition de Michel Maso

Décidément, sale temps. Notre ami Michel Maso qui venait de prendre sa retraite est décédé brutalement à 71 ans. Il était le directeur de la Fondation Gabriel Péri et à ce titre il était le directeur administratif des Cahiers de santé publique et de protection sociale. Il nous a toujours laissé la totale indépendance vis à vis de la ligne éditoriale ; sans son appui notre revue n’auraient jamais existé. Né d’un père immigré italien et d’une mère russo-polonaise il sera d’abord professeur d’histoire-géographie. Il deviendra un permanent du Pcf ; il dirigea la campagne de Jacques Duclos lors des présidentielles de 1969. Il fut élu à Nanterre pendant des années. La rencontre avec Robert Hue, alors président de l’Association nationale des élus communistes et républicains, a marqué sa vie politique. Il deviendra directeur du cabinet de Robert Hue lorsque celui-ci deviendra secrétaire général du Pcf. C’était une époque de turbulences pour le Parti. En 2004 il jouera un rôle déterminant dans la création de la Fondation Gabriel Péri. Il restera membre du Pcf lorsque Robert Hue s’en éloignera. Fidèle à son engagement, marqué par une grande honnêteté intellectuelle et lucide sur les difficultés du mouvement communiste, il se consacra alors à une question essentielle pour lui : le débat des idées, l’éducation populaire. C’était un homme de culture marqué par une élégance intellectuelle. Je garderai en mémoire nos discussions personnelles. Il avait publié avec Pierre Blotin un livre intitulé Pour un printemps de la politique[1] qui traçait le bilan de ces dernières années et des perspectives : « Nous mettons l’accent sur les conséquences idéologiques et politiques des trois échecs historiques qui ont marqué la fin du xxe et le début du xxie siècle : faillite du soviétisme se présentant pendant un demi-siècle comme la preuve vivante de la possibilité d’une alternative heureuse au capitalisme ; échec de la social-démocratie… échec du néolibéralisme ». Il voyait les ruptures brutales à venir.

Disparition de Michel Etievent

Ce journaliste communiste, qui disait avoir appris le métier à l’Humanité dont il fut le correspondant, alimentant dans les années 1970, la rubrique « Luttes » de reportages sur les conflits ouvriers, était devenu le biographe d’Ambroise Croizat. Sa biographie Ambroise Croizat ou l’invention sociale est un livre de référence pour le mouvement ouvrier. Il fut l’un des brillants participants du film La Sociale de Gilles Perret qui relate la vie du dernier poilu de la Sécurité sociale, Jolfred Fregonara. Il accompagnait toutes les actions du groupe Sécu de la Convergence nationale Services Publics tant dans les actions pour une Sécurité sociale du 21e siècle que pour défendre la mémoire des combattants pour une Sécurité sociale émancipatrice. Alors que cette Sécurité sociale est entrée dans un processus de destruction sous les coups de boutoir du capitalisme néolibéral, notre compagnon et ami, Michel Etiévent va terriblement nous manquer. Conférencier, cet ardent défenseur de la Sécurité sociale répétait inlassablement que « Chaque Français possède une carte du parti communiste en poche. C’est la carte vitale qui donne la plus grande dignité à tous. Cotiser selon ses moyens, recevoir selon ses besoins ». Michel avait également fait sienne l’affirmation d’Ambroise Croizat « Nous devons parler de conquis sociaux et non d’acquis car le patronat ne désarme jamais ». Écrivain, auteur d’une quarantaine d’ouvrages, Michel dédicaçait encore son dernier livre à la fête de l’Humanité 2021.