«L’adolescence volée»

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QUAND LA FRANCE SAVAIT ACCUEUILLIR…

Dans son autobiographie L’Adolescence volée, le grand pédiatre Stanislas Tomkiewicz  raconte comment, au sortir du camp de Bergen-Belsen, il s’était retrouvé complètement seul, sans argent et gravement malade dans un hébergement d’urgence à Paris. Dans le ghetto de Varsovie, il avait reçu une initiation à la biologie et à la médecine de la part, notamment, de Janus Korszack et d’autres grands médecins qui s’y trouvaient comme lui confinés. Enseignement d’une qualité exceptionnelle dans des conditions extrêmes et même désespérées. Cherchant à entamer des études de médecine à Paris, malgré toutes les difficultés matérielles et morales, il avait sollicité en vain un soutien financier de la part d’une association juive, qui lui avait objecté sa mauvaise santé et son mauvais français. Furieux, il était allé directement au secrétariat de l’Ecole de médecine, où il avait dit d’un coup à la responsable médusée : « Je viens du ghetto de Varsovie, mes parents et ma famille sont morts, je sors des camps, j’ai la tuberculose, je suis sans ressources et je veux étudier la médecine ! » La responsable lui a dit de patienter quelques minutes, qu’elle devait s’entretenir avec les autres professeurs présents. « J’étais de l’autre côté de la porte, ah, comme j’aurais voulu savoir ce qu’ils se sont dit ! Toujours est-il qu’elle est revenue dix minutes après avec à la main un dossier d’inscription sur lequel était écrit en grandes lettres rouges ; « Exonéré ». Et elle m’a dit : « Tâchez de vous en montrer  digne : on ne fait pas ça pour tout le monde. »