Je suis très fier que nous ayons pu éditer avec Frédéric Rauch le livre de Bernard Sportès aux éditions du Temps des Cerises sur la fin de vie. Ce livre sort au moment même où le débat politique sur ce sujet prend tournure. Je remercie l’auteur de sa confiance.
Médecin, Bernard Sportès aborde l’écriture comme une autre manière de prendre soin. Généraliste, coordonnateur d’Ehpad, formé en soins palliatifs, il a également enseigné. Il accompagne depuis longtemps ses patients jusqu’au bord de l’horizon. Sa pratique s’enrichit et s’apaise du nécessaire partage avec les équipes soignantes et il participe à différents groupes de réflexion éthique. Le point de vue sur le débat de la fin de vie qu’il présente ici est issu de sa longue fréquentation des mourants. Son approche, où dialoguent en permanence expérience et réflexion, tente d’éviter les écueils de l’émotivité comme des a priori sectaires.
À l’heure où le débat sur la fin de vie resurgit, Bernard Sportès nous ouvre de nouveaux horizons. Il apaise le débat, dépasse les arguments simplistes et nous aide à comprendre tabous et angoisses. Son analyse, ancrée dans son expérience des fins de vie, nous rappelle que cet accompagnement ultime doit bien rester un soin. Sa vision humaniste se refuse à ces morts administrées selon des critères médicaux prédéfinis, auxquelles il oppose une mort accompagnée, assistée jusqu’aux derniers instants. Cette proposition, nouvelle dans ce vieux débat, prend acte de l’évolution de nos mœurs et place le respect de la volonté au-dessus de toute autre considération : prééminence d’une volonté trop souvent confondue avec de simples opinions. Émerge ainsi la possibilité qu’une aide à mourir s’inscrive dans la poursuite d’une prise en charge. Le législateur devra l’organiser dans la confiance en la maturité des soignants et des patients, s’éloigner du réglementaire, encourager une pensée collective et supervisée. Nos fins de vies réclament une République fraternelle qui n’abandonne personne, une médecine d’équipe qui résiste au modèle industriel où on l’entraine. Bernard Sportès nous livre finalement un message simple : nous ne mourrons pas mieux tant que nous n’aurons pas bâti cette médecine de la personne qu’il décrit et propose. Un livre indispensable à lire tranquillement.