Alors qu’Arcelor Mittal annonce la fermeture de la cokerie de Florange dès 2022-2023, soit dix avant la date promise initialement, fermeture qui entrainera à nouveau son lot de misère sociale pour quelque 2 300 personnes et sonnera définitivement le glas de la sidérurgie en Lorraine, le journaliste et romancier François Salvaing nous propose un roman intitulé H.S. qui évoque l’histoire douloureuse des aciéries de Longwy à travers un roman prenant et non dénué d’une imagination débordante.
François Salvaing est né au Maroc, à Casablanca, en 1943. Après des études littéraires à Paris, il entre en 1974 comme journaliste à l’Humanité. Il est adhérent du Parti communiste français depuis 1968. Parallèlement à son activité de journaliste, il écrit de très nombreux ouvrages dont des romans : Misayre ! Misayre ! en 1988 aux éditions Balland qui lui vaut le Prix du Livre Inter et Parti, une somme consacrée au Pcf en 2000 aux Éditions Stock, collection La Bleue, qui est en fait une autobiographie romancée de l’auteur et de son rôle de journaliste à L’Humanité. François Salvaing a une belle plume et son dernier roman H.S. en est à nouveau la preuve.
L’écrivain qui avait couvert les événements en Lorraine dans les années 1978 à 1983 pour le journal l’Humanité, est retourné sur les lieux du démantèlement où il a retrouvé d’anciens militants politiques et syndicalistes. Dans le roman certains témoins des événements sont fictifs d’autres réels, c’est un choix de l’auteur, mais quelquefois c’est aussi un peu déconcertant.
Empruntant son plan au Germinal de Zola, l’auteur nous rappelle la longue agonie des aciéries de Lorraine qui trouve en écho l’histoire d’une famille sortie de son imagination, la famille Jeannelle dont la vie passionnante mais tragique accompagne tout au long de l’ouvrage le désastre économique et social et la fermeture de toutes les usines des sites situés autour de Metz, Longwy, Florange, Gandrange, Woippy. Tous ces noms nous sont devenus familiers depuis les années 1980. Qui a oublié la grande marche des sidérurgistes de Longwy quand 300 000 travailleurs marchent sur Paris le 23 mars 1979 ? Six-cent-cinquante-neuf cars affrétés, six trains spéciaux, venant de Lorraine et du Nord de la France et plus particulièrement des aciéries de Denain.
« Mi-roman, mi-enquête, mi-fiction, mi-reportage, ce texte est porté par une terrible mélancolie et est traversé par une singulière histoire d’amour » entre le fils Olivier Jeannelle, électricien et le brancardier Daniel Brambilla, écrit le journaliste Gérard Streiff. Nous ne nous attarderons pas sur cette histoire d’amour afin de ne pas dévoiler le suspens voulu par l’auteur pour l’issue tragique de ce roman.
En tout arrière-plan, il faut noter aussi une certaine nostalgie ambiguë d’une période où les luttes étaient très vives, le PCF fort et la CGT active.
Épilogue : l’ouvrage se termine sur de très belles pages relatant le retour d’Olivier Jeannelle à Longwy où il découvre le golf international à 27 trous sur lequel un haut fourneau couché sur le flanc sert de décor … ou de symbole d’un cœur d’acier qui ne bat plus, un cœur définitivement H.S., Hors Service.