Dans un livre Industrie pharmaceutique, l’heure des choix, paru en avril 21, Nathalie Gimenès juge le modèle de l’industrie pharmaceutique « à bout de souffle ». L’auteure connait bien le milieu où elle a passé 17 ans chez « Janssen France » (groupe Johnson & Johnson) et y fut directrice institutionnelle.
Elle rappelle que le système repose sur un « pacte social », l’État attendant des laboratoires qu’ils investissent dans la R & D de médicaments qui améliorent la santé des populations. Puis elle indique que pour elle, ce contrat social n’est plus rempli. Pour elle le moment est venu de s’éloigner du modèle promu par la financiarisation et de choisir un modèle « plus égalitaire et plus écologique ».
Après la critique du système actuel, l’auteur évoque des pistes, pour une approche collaborative, une recherche fondamentale publique/privée structurée avec une rétribution de toute la chaine du développement, qui risque de heurter les exigences des actionnaires. Elle souligne aussi que l’OMS devrait avoir un rôle de coordination internationale des enjeux de santé. Ce pouvoir ne lui a jamais été donné.
Sur le même sujet je rappelle la publication de “AVIS 135” du CCNE (Comité Consultatif National d’Éthique), « L’accès aux innovations thérapeutiques : enjeux éthiques ». Il dénonce le pillage de la recherche publique par les firmes pharma, leurs abandons dans plusieurs domaines de la recherche et de la production des médicaments courants, la financiarisation débridée…. Cet AVIS dénonce aussi le prix exorbitant des MTI qui pourrait amener à priver de soins une partie des patients se conclue par la « Recommandation » de créer un pole public du médicament pour mettre en place des entités publiques (ou mixtes) de production de médicaments innovants à but non lucratif et rentables.